PUCERONS





Ils appartiennent à la famille des aphidiens (macrosiphum rhododendri).
Trois paires de pattes entourent un corps vert clair de 2 à 3 mm. D'un côté deux petits yeux noirs sont surmontés de longues antennes qui s'agitent dans tous les sens, de l'autre côté deux sortes de tuyaux dirigés vers le haut (cornicules) par où s'échappe leur déjection qui est un miellat de couleur brunâtre très recherché des fourmis.

Ces pucerons sont tous des femelles dépourvues d'ailes, qui se multiplient par parthénogenèse et donnent naissance à de petits pucerons femelles (viviparité) semblables à la mère, lesquels se reproduisent de la même façon quinze jours à trois semaines plus tard, à tel point qu'il peut y avoir une dizaine de générations semblables pendant la belle saison.

En cours de saison un faible pourcentage de ces pucerons mue en femelles de 6 à 7 mm pourvues de quatre ailes, qui se reproduisent également sans fécondation; elles sont dites de migration, propageant l'espèce autour du point initial d'infection et souvent fort loin. A l'automne naissent des mâles ailés et des femelles sans ailes : les mâles meurent après la fécondation, les femelles ordinairement après la ponte d'oeufs très petits et d'un noir brillant qui écloront au printemps suivant. Certaines, cependant, peuvent passer l'hiver abritées dans des crevasses; elles se reproduisent une seule fois au printemps et meurent.



SYMPTÔMES


Quelques feuilles petites, tordues et déformées sont le premier signal d'alarme et le plus visible.
La vue de quantités de minuscules lambeaux blanchâtres d'environ 2 mm, collés de part et d'autre de la feuille, doit éveiller votre méfiance. Ces lambeaux sont les restes de peau des pucerons lors de leur mue : on voit très bien leur "squelette" à l'aide d'une forte loupe.
Un va et vient de fourmis (à condition qu'il y ait une fourmilière près du pied du Rhododendron) ne peut que renforcer votre méfiance.

Pour vous assurer qu'"ils" sont là, prenez une jeune feuille dont les bords sont encore enroulés sur eux-mêmes et examinez son envers. Vous verrez une ou deux dizaines de pucerons, souvent de différentes tailles, alignés le long de la nervure principale. Ils ont leur rostre, qui est une sorte de tarière, enfoncé dans cette nervure et par l'intermédiaire de cet appendice creux ils pompent la sève comme le moustique le fait pour le sang.
Ils sont groupés là parce qu'à cet endroit la sève arrive à plus gros débit que sur les veines primaires. Sur les feuilles déjà un peu plus grandes ils peuvent être sur toute la surface de la feuille vraisemblablement parce que quelque soit l'endroit où ils enfoncent leur rostre ils trouvent suffisamment de sève.

Parfois quand la colonie est nombreuse, ils s'aventurent sur l'endroit des feuilles et l'on peut faire les mêmes remarques quant à leurs regroupements : le long de la nervure principale en cas de feuille juvénile et sur toute la surface de la feuille quand elle est plus grande. Quelque temps après, quand les bourgeons à fleurs se forment, une partie de la colonie s'y concentre. Cette dernière croit d'autant plus rapidement que le temps est chaud et sec car la sève est, dans ces conditions, beaucoup plus concentrée et la nourriture de ces parasites suceurs n'en est que plus riche.
En résumé ce sont les feuilles déformées et nécrosées qui sont le signe révélateur d'une attaque de pucerons.

N.B. Les feuilles déformées par les pucerons sont toujours vertes alors que les feuilles déformées par le gel présentent des parties jaunes.



LUTTE

Je suis partisan de n'employer les grands moyens qu'en cas d'absolue nécessité.

Les pucerons sont nuisibles mais non mortels et, ma foi, quelques feuilles disgracieuses n'altéreront pas la majesté de notre aristocrate des jardins.
Il faut cependant admettre que ces feuilles, preuves concrètes d'une attaque, resteront un an ou deux sur le plant avant de tomber. Tout devient alors une question de proportion : l'amateur qui possède un ou deux Rhododendrons se doit de les faire admirer dans un état sanitaire d'autant plus irréprochable qu'ils sont petits. S'il possède des Rhododendrons en plus grand nombre et de plus grande taille il peut tolérer la présence de quelques imperfections.

En cas d'invasion notable, un traitement exécuté dans les premiers jours ne laisse pratiquement aucune trace. Les feuilles, traitées à temps, reprennent leur croissance normale. Par contre, si la déformation était déjà bien établie, il est impossible que la feuille reprenne sa forme normale et il y aura des séquelles. D'où l'intérêt, une fois l'attaque constatée, d'employer un traitement qui soit rapide et efficace. Seul un insecticide systémique (véhiculé par la sève) possède ces deux qualités. Malheureusement pour l'environnement un insecticide de contact ne peut en effet éliminer tous les pucerons puisque ceux-ci sont en grande partie cachés à l'envers des feuilles alors qu'une fois la sève empoisonnée tous seront exterminés dans les heures qui suivent. Les granulés d'insecticide à enfouir au pied, s'ils possèdent une rémanence largement supérieure aux produits équivalents liquides, ne seront d'aucun secours dans la lutte contre les pucerons parce que d'assimilation trop lente, d'autant plus lente que leur décomposition en matières assimilables par le Rhododendron est fonction de la quantité d'eau qu'ils reçoivent en l'occurrence peu pendant la période concernée qui débute en mai pour se terminer en juillet.

Un insecticide liquide est donc la seule réponse. Vous trouverez un large éventail de ces produits dans toutes les jardineries, produits dont les noms et composants changent rapidement en fonction des pressions écologistes. Respectez les doses indiquées et, de préférence le soir quand le Rhododendron a soif, faites une pulvérisation sur le feuillage. Il est inutile que toutes les feuilles soient noyées et dégoulinent de produit puisque, une fois assimilé, il sera véhiculé dans toute la plante qui deviendra un poison mortel pour tous les parasites qui s'en nourrissent. Dès le lendemain matin vous pouvez constater que, si les pucerons sont toujours à l'envers de la feuille, ils présentent un immobilisme rassurant.
Inscrivez sur un agenda la date du traitement : la rémanence de ces produits est en général d'une quinzaine de jours.

Il est à noter que certains Rhododendrons ne sont jamais attaqués :
* les précoces comme Avalanche,
* les porteurs d'indumentum,
* et ceux qui sécrètent une sorte de résine gluante sur la nouvelle pousse comme les Loderi.



PROBABILITÉ

Si tous les ans les pucerons attaquent on peut remarquer qu'il y a des "années à pucerons".
Leur arrivée est conditionnée par les conditions météorologiques de l'année.
Ils disparaissent quand les feuilles sont complètement aoûtées.